(Texte de Ghislain Olivier)
De l'instant même ou il se révèle , il se voile . ( Bataille , les larmes d' Eros )
Il me souvient de fragments .....
d' arbres incisés dans une panoramique verticale
de visages embrumés au son d'un disque rayé
de mystérieux oiseaux observateurs revenant d'un vol secret
de fragile autopsies d'un voyage au centre d'etranges fleurs
de profils de peuples et d'ombres tactiles....
Il me souvient aussi vaguement d'un mystérieux jardin de Ghelderode ....
Quels secrets cherches tu dans ton miroir fêlé ? ( Perec , Un homme qui dort )
Le monde de Joelle Robinet est celui des grands jardins cachés de l' âme humaine .
Son regard s'est posé exactement entre l' ombre et la matière .
L' artiste a fait le grand saut qui dépasse la lumière dans la rosée brumeuse
de la nuit qui s'efface, dans le crépuscule quand le chien rejoint le loup.
Le paradoxe de l'incertitude du visionnaire révèle l'atmosphère à la fois lourde et feutrée des
moments subtils de l'émergence des émotions .
Combats, nous combattons à l'ombre de nos sorts ( Max Jacob, le laboratoir central )
L'image quittant sa symbolique redevient matière .
Le jeu des sensations effaçant les nuits délirantes nous ramène aux petits matins
des poètes lorsque , comme sur la brocante imaginère de l'humanité, un objet
inconnu luit parfois dans l' écrin d'une aube crépusculaire .
Bref,pour paraphraser William Burroughs, une peinture qui ne me dévisage
pas franchement mais dont les bords m'aspirent dans l'atmosphère
( in Les garçons sauvages )
Ghislain Olivier ( Charleroi Octobre 2005 )